Mercredi, seize heures.
Nous avons rendez-vous avec Rémi Hecquet, alias Le Fil, pour la première interview made by My Memento. Le cadre : la brasserie à côté du boulot, là où nous avons nos habitudes.
En attendant notre auteur, et pour se requinquer après une journée de travail intense, une mousse fraîche s’impose.
Une heure passe, et voilà Rémi. Chemise entrouverte, pantalon en lin et sandales, il nous rejoint à notre table. Le ton est donné : interview décontractée, bonne humeur et rigolade. Il n’y a pas de doute, nous allons passer un bon moment.
Et ça n’y manque pas ! Dès les premiers instants, nous ressentons la disponibilité et la douceur de Rémi et les éclats de rire se font déjà entendre.
“Une gorgée et on commence ?”, c’est parti !
Son parcours de ”bédéaste”, Rémi le commence très tôt. Dès l’école primaire, il dessine les histoires racontées par sa maîtresse. Sa mère, soutien de toujours, réunit ses croquis en de petits manuscrits qu’elle agrafe et conserve. Elle nourrit également sa passion en l’amenant, toute sa jeunesse, dans des festivals comme celui de Solliès-Ville où il découvre alors l’univers de la BD, rencontrant de fameux illustrateurs tel que Tony Sandoval.
Après le bac, il décide de faire de sa passion son métier avec des études de graphisme à l’école de la Grande Tourrache, puis d’animation à Paris, avec toujours dans un coin de sa tête, la BD.
Après un an de WWOOfing, période pendant laquelle il expérimente des modes de vie alternatifs et s’engage dans l’écologie, sa réflexion se précise. Rémi décide alors de vraiment se lancer dans la BD.
En 2018, il auto édite sa première BD, Edwin Cheveu et la machine à tout faire. Engagée mais maladroite et un peu moraliste comme il le dit, il en ressort grandi par le fait d’avoir vraiment trouvé sa vocation.
Il se lance alors dans la recherche d’un éditeur. C’est un parcours du combattant qui, après quelques années, le mène au festival d’Angoulême, plus précisément au pavillon “Jeune Talent” de l’événement. Là-bas, auteurs et éditeurs se rencontrent comme en speed dating. C’est ainsi que débute son aventure avec les Éditions Lapin, maison lyonnaise qui lui donne sa chance et publie son projet : Bizou Bagarre : Le cycle du fight.
« C’est juste ça, avec mon éditrice, c’était une alchimie… »

Bizou Bagarre, c’est une BD un peu “what the fuck “, mais avec un vrai message, une vraie réflexion et surtout du kiff ! Après une première œuvre trop frontale, Rémi opte pour la subtilité avec ce nouveau projet : c’est une critique de la violence et de son cycle destructeur, le tout dans une ambiance légère et pleine de références de pop culture (c’est toute une génération qui se reconnaîtra dans l’humour de cette BD!).
Le choix des couleurs n’est pas anodin : page après page, les dessins suivent le cercle chromatique, répondant ainsi aux émotions des personnages. Ces derniers sont représentés sous des traits surfaits soulignant leur virilité et leur agressivité. Tous ces détails construisent la critique qui émane de la BD : dans une société, la masculinité prônée conduit à des excès et à de la violence.
« J’ai grandi en me demandant si j’étais un vrai mec. »
Repenser le modèle masculin au regard de ses expériences et de son vécu. Repenser le cycle de la violence, le “cycle du fight”, qui se répète encore et encore dans notre société. Cette BD illustre la question naïve mais si juste : pourquoi tant de haine ? Le tout avec un ton léger et drôle qui laisse les lecteurs maîtres de ce qu’ils veulent en tirer. “Garder le débat ouvert”, sans imposer d’interprétation. Une BD qui se lit aussi bien comme un délire excentrique que comme une critique sociologique.
« Bizou Bagarre, c’est un hommage et une satire. »
Rémi est solaire. Et son propos nous touche. Quand il parle de sa BD, on sent la passion de celui qui a à cœur de transmettre : il aime partir à la rencontre de son public, démarchant festivals et librairies pour se faire connaître.
Un premier bilan alors, quatre mois après la sortie de Bizou Bagarre ?
Très positif. Des retours, “pas des milliers bien sûr”, mais qui viennent de toute la France. Son livre, présent dans de nombreuses librairies. Et un éditeur qui l’accompagnera peut-être dans d’autres projets.
D’ailleurs, d’autres projets ?
Une collaboration avec un ami scénariste pour “partir sur quelque chose de plus sérieux, c’est encore une histoire sur l’amour et la haine, mais différente”, nous dit-il avec un sourire qui prend tout le visage, et se transmet.
Nous clôturons cette interview sur une carte blanche : trente secondes de Rémi Hecquet, alias Le Fil.
« Je suis hyper fier de ce projet. Le propos est peut être ténu, mais j’ai voulu faire quelque chose de léger. C’est un projet qui sort de moi, qui parle de moi et qui est fait avec le cœur. »
On le sent, Rémi. Merci.
N’hésitez pas à aller soutenir Rémi Hecquet, alias Le Fil. Un auteur Varois, ancré dans sa région et ouvert au monde. Découvrez son univers sur son compte Instagram : @lefil_eternel.


Laisser un commentaire