« Les Sirènes », Emilia Hart

Les Escales, 2025

Traduit de l’anglais par Alice Delarbre

Lu par Florine Orphelin et Benjamin Jungers (Lizzie)

Sororité × Surnaturel × Légendes × Secrets de famille

Note : 5 sur 5.

J’avais tant aimé mon écoute de La Maison aux Sortilèges, le premier roman de l’autrice paru en 2023, que je me suis lancée dans Les Sirènes les yeux fermés. Je n’ai pas lu le résumé, ni aucune critique. J’avais le sentiment que le titre en disait déjà beaucoup, qu’il soit à interpréter de manière littérale ou métaphorique. C’est pour cette raison que je ne veux pas vous en dire trop, et que le court résumé qui suit ne sera peut-être pas des plus alléchants. Je vous plante le décor, et ensuite, il faut faire confiance à Emilia Hart et à son talent de conteuse.

Après un événement traumatisant survenu à l’université, Lucy prend la fuite sans prévenir personne. Elle décide de trouver refuge auprès de sa sœur, Jess, même si les deux femmes ne sont plus en contact depuis des mois. Direction Comber Bay, Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Une petite ville à la réputation macabre qui passionne tous les férus de true crime. Seulement, quand Lucy arrive à destination, Jess est introuvable. Et elle n’imagine pas qu’en partant à la recherche de sa sœur, elle va déterrer des secrets enfouis depuis des années, voire des siècles…

On retrouve clairement la patte d’Emilia Hart. Plusieurs temporalités et points de vue qui s’entremêlent, des liens qui se précisent au fur et à mesure. Des personnages féminins forts et résilients. Des familles au passé douloureux. Un récit ancré dans la nature, sa splendeur et sa puissance, mais aussi dans l’Histoire, aussi cruelle soit-elle. Enfin, le surnaturel. Il me semble que cet aspect était seulement suggéré dans La Maison aux Sortilèges. Il est bien plus affirmé dans Les Sirènes.

Pour la première fois, elle a expérimenté l’injustice du monde, elle a découvert que les dés étaient pipés simplement du fait qu’elle est une femme.

Au départ, on a presque l’impression de lire un polar. Comber Bay est le cadre idéal : une ville côtière surplombée par les falaises, à la merci des éléments. L’océan, l’eau, sont des personnages à part entière. L’autrice nous sert des descriptions sensorielles, renforcées par l’excellente narration de Florine Orphelin. On apprend très vite pourquoi Comber Bay est tristement connue, et ce depuis des siècles, et même si on tire des conclusions prématurément, tout le suspense réside dans le rôle que jouent Lucy et Jess dans toute cette histoire.

Je vous le disais plus haut, le surnaturel a toute sa place dans Les Sirènes. Pour autant, ce roman est plus que jamais ancré dans notre réalité. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles est un sujet omniprésent dans l’œuvre d’Emilia Hart, et elle le traite toujours avec beaucoup de justesse. Elle relate des expériences qu’on pourrait presque qualifier d’universelles, et ici, elle décide de mettre en lumière l’après douloureux, puis l’indépendance, la guérison, la justice (quand elle est rendue). Malheureusement, ses romans nous rappellent aussi à quel point ce combat est intemporel, en créant un effet miroir entre les époques et les différentes héroïnes. 

Elle a demandé à Lucy de faire un choix. Mais parfois, il n’y a pas de choix. Il n’y a que l’amour.”

Ce roman est donc à la croisée des genres : historique, fantastique, thriller, saga familiale. Tous les ingrédients sont réunis pour une lecture qu’on peine à lâcher et qu’on regrette de terminer. En écrivant cette chronique, je me rends compte que Les Sirènes est bien plus dense qu’il n’y paraît. Je n’ai abordé qu’une petite partie de tout ce qui a su me captiver et me bouleverser au fil de mon écoute, mais ce n’est peut-être pas plus mal de préserver le mystère de cette lecture si mystérieuse.

Si mes quelques mots ont titillé votre curiosité, alors n’hésitez plus : plongez à la rencontre des sirènes de Comber Bay… 

Marie

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