« Le diable en personne », Peter Farris

Gallmeister, 2017

Totem, 2019

Traduit de l’anglais par Anatole Pons

Roman noir × Littérature américaine × Corruption × Violences

Note : 3.5 sur 5.

Nous sommes en Géorgie du Sud, dans l’Amérique profonde. Maya, dix huit-ans, est prisonnière d’un réseau de prostitution depuis des années. Alors qu’elle est en possession d’informations précieuses au sujet d’un client haut placé, le roman s’ouvre sur sa tentative d’assassinat ratée. Maya parvient à s’enfuir et se retrouve malgré elle sur les terres de Leonard Moye, un vieil homme rustre et excentrique qui chasse les bourreaux de la jeune femme et recueille cette dernière. Cet élan de bienveillance inhabituel marque le début d’une amitié inattendue, mais surtout le début des ennuis… Entre bains de sang à répétition et menace omniprésente, préparez-vous à rencontrer le diable en personne !

Les secrets, c’est la seule chose qui fait tenir ce monde.

Je sors de ma zone de confort avec cette lecture. Je ne suis pas une grande amatrice de roman noir, ces livres qui drainent toute votre énergie et toute envie de vivre ! Récemment, j’ai lu Le poids des morts de Victor del Árbol, un roman très très noir (selon moi), et toute cette violence m’avait plus que refroidie ! Le diable en personne fait-il partie de cette catégorie de livre ? Eh bien, oui et non !

Oui, par les thèmes abordés : trafic d’êtres humains et d’enfants, corruption, violence en tout genre, meurtriers impitoyables. On a des scènes sordides, ignobles à lire, encore plus quand les victimes sont si jeunes.

Mais le style vient contrecarrer toute cette noirceur. La narration est détachée, peut-être trop, par rapport à la gravité de certaines scènes. Le cynisme et le sarcasme se font leur place quand j’attendais parfois plus de sérieux et de sobriété. À d’autres moments, cette légèreté est la bienvenue. Je pense aux interactions entre Maya et Leonard qui s’apprivoisent comme deux animaux curieux.

Une lecture qui s’équilibre. On alterne entre descriptions pittoresques et scènes de violence sanglantes, moments chaleureux et complots pour assassiner une gamine de dix-huit ans. C’est donc peut-être le roman idéal pour s’essayer aux romans noirs, une introduction assez douce mais qui bouscule tout de même les âmes sensibles !

Mais alors, l’histoire en elle-même, qu’est-ce que j’en ai pensé ?

Il faut laisser l’intrigue se mettre en place. On a les informations les plus importantes dès les premières pages, alors la première moitié est assez lente. On rencontre beaucoup de personnages qui n’ont pas vraiment de substance mais qui ont des rôles clés. Le tout est quand même sauvé par les deux protagonistes qui, pour le coup, m’ont tout de suite convaincue ! 

J’ai aimé la fougue et la fragilité de Maya qui a une force de caractère impressionnante, couplée à une intelligence bienvenue dans certaines situations ! Leonard n’est pas aussi taciturne qu’on l’imagine pour un ermite, au contraire. Je l’ai trouvé bienveillant et respectueux envers les bonnes personnes. Il a moult squelettes dans son placard, certes, mais comme on dit, le passé c’est le passé ! 

Je ne m’éterniserai pas sur les autres personnages, tous plus abjects les uns que les autres. On est embarqué dans un univers sombre, dur, impitoyable, inhumain. Le cadre participe à l’atmosphère oppressante : l’Amérique profonde et le racisme ambiant, l’intolérance à tout va, la hiérarchie qui fait la loi. Je ne crois pas qu’on ait d’indication précise de temps, de période, d’époque. Peut-être est-ce une façon de rendre ce récit intemporel ?

La deuxième moitié est donc plus dynamique, une fois les bases de l’intrigue solides, et on est titillé par la question “comment ça va se finir, ce bazar ?”. Je ne vous en dis pas plus ! Si vous êtes amateurs de romans noirs, peut-être que cette lecture vous semblera trop simple, trop prévisible. Pour les néophytes comme moi, il me semble que c’est une bonne entrée dans le genre !

Marie

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