« Étincelles Rebelles », Macodou Attolodé

Série Noire Gallimard, 2024

Rébellion × Justice × Traffic × Écologie × Politique

Note : 5 sur 5.

La Casamance… Une région du Sénégal méconnue, et parfois même par les habitants de ce pays dont je viens.

Macodou Attolodé nous offre dans son premier roman, paru dans la célèbre collection de la Série Noire de Gallimard, une plongée dans une intrigue politique, écologique et mystique.

Étincelles Rebelles, c’est l’histoire des idéalistes, de personnages qui croient en un mot fort, la Justice.

Dans une narration plus globale autour de l’indépendance de cette région du Sénégal, lutte menée depuis des décennies, l’auteur nous dresse le portrait d’une société en prise avec ses maux et principalement la corruption. En effet, c’est la corruption qui aura eu raison du capitaine Latyr Faye,  rétrogradé après une enquête sur fond de trafic de drogue impliquant de hautes autorités de l’État.

Muté en Casamance, il va alors naviguer dans cette région et ses mystères, et retrouver son allant d’inspecteur quand Aguène, une jeune journaliste engagée, publiera un article retraçant le parcours de cette poudre blanche de la Casamance à Dakar, capitale et plaque tournante.

“Que pouvaient faire un policier, une journaliste et un petit groupe de guerriers, aussi valeureux et braves fussent-ils, contre toute la machine étatique ?”

Sur fond de rivalité entre les rebelles et les forces armées, Latyr fera également la connaissance d’Elinkine,  habitants du village de Niafrang,  mais surtout féroce « chasseur », protecteur des populations dans ce maelstrom d’intérêts. Ensemble, nos trois personnages s’allieront pour déjouer un complot mettant en cause les plus hautes sphères du pouvoir.

Ce roman m’à beaucoup touché. Par son intrigue d’abord. À travers les tensions politiques qui animent cette région, l’auteur à réussi à mettre en avant plusieurs  facettes d’un conflit oublié, voire même méconnu des sénégalais et du reste du monde. De plus, en détaillant les intérêts financiers autour de l’exploitation des minerais, mais aussi des trafics comme ici celui de la drogue, le récit prend de l’ampleur et l’intrigue de la profondeur.

Les personnages, attachant par leur idéaliste et leur soif de justice, n’en restent pas moins complexes car chacun animé de leurs motivations propres. Latyr, le policier ne peut s’imaginer le corps qu’il sert aussi corrompu. Elinkine, le chasseur, n’a que pour objectif de protéger ses proches. Aguene, la journaliste, elle ne peut se résigner à voir sa région sombrer sans qu’elle ne se soit battue pour que la vérité éclate.

“ Etincelle rebelle , C’est comme cela que j’aime à appeler notre désir de nous insurger contre le statu quo quand il promeut l’injustice. ”

Macodou Attolodé vient clairement s’inscrire dans un segment pauvre de la littérature africaine, et l’enrichi. J’ai eu la chance de discuter avec lui et sa curiosité, son intérêt aux maux et mots de son environnement appuient les pages de son premier roman.

Il propose ici un vrai polar, populaire et intemporel. Sa touche personnelle se fait ressentir dans la lecture, notamment par l’empreinte mystique, voire fantastique qu’il fait revetir à l’un de ses personnages, mais je ne vous en dis pas plus…

Laissez votre propre étincelle rebelle embraser le feu de votre curiosité, et (re)découvrez un terrain propice à l’imaginaire, dans ce polar rondement ficelé par le terrain africain.

MALIK

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