Nami, 2025
Traduit du coréen par Irène Thirouin-Jung
Littérature coréenne × Art-Thérapie × Santé mentale × Amitié
Jeongmin a quitté son travail en tant que rédactrice pour une chaîne de télévision à qui elle a beaucoup (trop) donné de sa personne. Depuis, elle ne sort plus de chez elle. Burn-out, dépression, anxiété : l’état de détresse de Jeongmin est évident au début du roman. Un jour, après des mois d’isolement, elle trouve la force de mettre le pied dehors. Elle tombe par hasard sur un atelier de poterie qu’elle méprend pour un café. Elle pousse la porte et… je vous laisse découvrir la suite.
Depuis ce jour, Jeongmin respire à nouveau. Qui aurait cru que de l’argile, un four et un tour pouvaient agir comme remèdes à la tristesse du cœur et de l’esprit ?
“Elle s’était laissé enfermer dans un labyrinthe, ce coin de la vie qu’on appelle la “trentaine” ; mais elle ne se sentait pas captive, sans doute parce qu’elle avait abandonné tout espoir de fuite.”
Une lecture inattendue, toute en douceur et en poésie ! J’ai été emportée par le style de l’autrice qui retranscrit avec justesse l’esprit tourmenté de Jeongmin. Quand l’histoire débute, notre protagoniste est déjà bien abîmée par la “malédiction”, comme elle la nomme, qui s’est installée dans son cœur. Il y a toute cette part d’inexplicable, d’irrationnel, de fatalité, propre à la dépression, qui ronge Jeongmin. Elle qui était déjà hantée par de vieilles blessures, elle qui avait déjà érigé tant de barrières autour d’elle… Jeongmin est dans une spirale infernale.
Dis comme ça, on pourrait penser qu’on se lance dans une lecture sombre qui ne ferait pas forcément du bien au moral, surtout en cette saison ! Mais détrompez-vous. Ce n’est pas le roman de la descente aux Enfers de Jeongmin, bien au contraire : c’est la renaissance de Jeongmin !
“Façonner la poterie, c’est comme façonner son propre cœur.”
Ce roman est une ode à l’art-thérapie. Et pour quelqu’un comme moi qui s’est essayée à plusieurs hobbies artistiques pour se vider la tête (mais sans forcément développer un quelconque talent), je ne peux qu’applaudir la démarche de l’autrice.
En poussant par hasard la porte d’un atelier de poterie, Jeongmin est tombée la tête la première dans un monde fabuleux de bienveillance et de solidarité. Parce qu’elle n’était pas la seule à avoir besoin d’aide ! Au fil de ses rencontres, elle se rend compte que d’autres aussi sont écorchés par la vie, et que la poterie, même sans talent particulier, peut être un médicament efficace contre son mal être.
J’ai adoré découvrir cette galerie de personnages attachants et imparfaits, optimistes malgré leurs maux. J’ai adoré l’évolution de chacun, l’entraide mutuelle. J’ai aimé les voir bousculer Jeongmin quand elle se renfermait sur elle-même ou perdait confiance en elle, tissant ainsi une amitié solide au fil des saisons. Le roman débute pendant un mois d’août caniculaire, et se termine dans la fraîcheur du printemps.
Au-delà des relations humaines, ce roman nous livre aussi des réflexions intéressantes sur la question de talent, de la pression subie quand on cherche sa voie, de la passion qui peut être dévorante mais intimidante. Je ne m’attendais pas forcément à tant de profondeur, mais cela n’a fait que renforcer mon intérêt tout au long de ma lecture.
Une saison à l’atelier de poterie fut donc une belle surprise pour moi ! Une découverte réconfortante et inspirante : je suis à deux doigts de m’inscrire à un cours de poterie !
Marie


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