« À l’ombre des choses », Anatole Edouard Nicolo

Calmann-Levy, 2024

Audiolib, 2024

Lu par l’auteur

Premier roman × Autobiographie × Liens familiaux

Note : 4 sur 5.

Depuis quelques mois, je n’arrive plus à trouver de livre audio qui me convienne. J’en ai commencé une dizaine, fini aucun. Puis je suis tombée sur ce roman au titre poétique et à la couverture familière. Je ne vais pas vous mentir, par-dessus tout, c’est la durée d’écoute qui m’a convaincue : 2h45. En moins de trois heures, il y avait peu de chances que je m’ennuie ou me lasse. Il y avait aussi le fait que la lecture soit effectuée par l’auteur lui-même. Cela doit être un exercice si particulier, s’interpréter soi-même, surtout quand on n’est pas comédien ! J’étais curieuse.

Il m’aura fallu un aller-retour au travail et une heure dans les bouchons pour arriver au bout de ce court roman. Au volant de ma voiture, j’ai écouté avec attention et émotion le récit d’Anatole Edouard Nicolo.

Le 43, un phare pour les âmes égarées de la société, ouvrait ses portes à ceux qui avaient bravé les tempêtes de l’existence.

43, boulevard Gaston Ramon, dans une “ville moyenne”. C’est un foyer social qui sert de cadre au début du roman. C’est là que vit Anatole, avec sa mère et son frère, désigné par l’initiale G. Autrefois, la vie était douce, bien qu’un peu cabossée, pour cette famille aimante. Une famille d’artistes, des parents un peu excentriques, mais un mariage qui se solde par un divorce. Un véritable bouleversement pour les deux garçons qui se perdent entre le foyer où leur mère tente de joindre les deux bouts, et le squat où leur père a trouvé refuge. Anatole est réservé, sensible, un peu paumé, talentueux sur les terrains de foot, animé par l’ambition de faire quelque chose de beau de sa vie. G. est impétueux, passionné de rap et d’écriture, il se consume de l’intérieur. Il brûle de fuir la “ville moyenne” qui les a vu grandir, mais qui a aussi vu leur famille se déchirer.

“A l’ombre des choses”, c’est leur histoire. Celle d’une poursuite de la lumière, quand la vie ne met que des ombres sur votre chemin.

Lorsque les rêves se rompent, l’appel d’un ailleurs devient impérieux.

Que c’était beau. Que c’était riche. Que je suis heureuse d’avoir écouté ce roman plutôt que de l’avoir lu. Les émotions, le ressenti, n’en sont que décuplés. 

L’auteur nous livre un récit intime, aussi doux que fort. Car la vie n’a pas toujours souri à cette famille attachante, loin de là. Mais il y a une tendresse, un espoir lancinant qui ne lâche pas le texte. Il y a une rage de vivre, comme on dit. Pourtant, il y a aussi les doutes, la peur, la honte, le désespoir. Mais toujours cette recherche de lumière et de soleil. 

C’est le genre de récit dans lequel le lecteur est très investi : on veut voir Anatole aller au bout de ses rêves et de ses ambitions. On déteste le voir échouer, on compatit à sa peine, on comprend son ressentiment.

Justement, du ressentiment, Anatole pourrait en avoir. Son texte pourrait être amer, dur, violent. Il y a quelques passages où il se laisse envahir par sa colère, son vocabulaire change, c’est plus brut. Ces fragments de rage sont utilisés avec parcimonie et justesse, et heureusement, sinon on perdrait complètement le sens, la portée du message !

Et puis on a un très beau portrait de la relation fraternelle. Le lien qui unit Anatole et G. est fort, ça se ressent dans l’admiration, le soutien, la confiance, le partage, toutes ces démonstrations d’affections réciproques. L’envie ou la jalousie, dans tout ce qu’elles ont de plus malsain, sont absentes de ce récit, et c’est beau à lire/écouter.

Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre, entre deux chapitres, le rappeur Georgio chanter quelques vers. Mes neurones se sont connectés à ce moment-là – j’ai fait le rapprochement entre le texte et la “vraie vie”–, et ça a donné une dimension nouvelle à l’histoire que j’écoutais. Une dimension unique, propre au format audio. La mélodie, aussi, transforme complètement l’expérience de lecture.

Je ne peux que vous conseiller de vous laisser emporter par la vie pour le moins bousculée d’Anatole, et par extension celle de sa famille. Beaucoup de thématiques sont explorées, mais je ne veux rien vous dévoiler car si je retiens bien une chose de ma lecture, c’est que la vie est imprévisible. Entre rencontres déterminantes et coups du hasard, les trajectoires sont infinies.

« J’étais une ombre. Et je la maudissais. Je voulais que le soleil me frappe au visage, éclaire ma vie ordinaire de tous ses rayons. »

Marie

Réponse

  1. Avatar de Nos lectures de décembre - My Memento

    […] était à côté de vous et qu’il vous racontait son histoire. Ma chronique est dispo juste ici […]

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