« Les enfants de la crique », Rémi Baille

Le Bruit du Monde, 2024

communauté × découverte × amitié × culture × terroir

Note : 3.5 sur 5.

La crique. Et ses enfants… Nine, jeune femme avec l’envie de croquer la vie. Coco, jeune homme qui a repris la barque et le matériel depuis que son père le pêcheur est mort. Cascade, dont la Buvette est plus qu’un lieu, presque un personnage en soi. Et la Douane, deux sœurs inséparables, que même l’auteur présente comme une seule et même entité, des figures de sagesse et d’autorité.

Rémi Baille nous offre une galerie de portraits et d’histoires qui s’insèrent dans ce lieu. Un lieu qui se découvre, autant qu’il se mérite. La Crique. Petite galaxie de vies, niché entre le Roucas, la Chapelle et la pinède, la Crique parlera à tous ceux qui ont pu grandir dans ce fabuleux département du Var, si élégamment mis en avant par l’auteur.

“La crique, c’est Tout à la fois.”

J’en viens, je m’y retrouve.

Entre apéros, siestes, et soupes au pistou, les habitants de la Crique voient passer saisons après saisons ceux qui viennent du bout du monde pour se prélasser ici. Ils les accueillent, toujours, l’hospitalité du Sud oblige. Ils les préviennent, sans cesse, vous êtes les bienvenus et comme chez vous dans ce coin de paradis, mais n’oubliez pas que c’est notre chez nous.

Rémi Baille décrit à merveille le ressenti d’une communauté comme chacun de nous a pu connaître. Un lieu de vie où chacun se sent chez soi. La plume est précise, élégante, directe comme lancinante. Et c’est peut être le seul reproche que l’on peut faire. Celui d’une histoire qui se déroule souvent longuement en détails et descriptions. C’est contemplatif, méditatif, un bel ennui où l’on se perd dans ses pensées, où l’on prend le temps d’observer. Comme Nine, qui dans sa passion, parcourt inlassablement sa Crique et l’observe sous toutes ses coutures. Ou Coco, qui laisse le temps passer comme un souvenir lors d’une partie de pêche. C’est la mise en valeur de l’énergie d’un lieu et de ses habitants.

Pas d’action donc. Mais un événement traumatisant, difficile, comme une braise qui vient bousculer le quotidien de la Crique. Jusqu’à la folie… Un événement qui remettra en cause les fondements même de la pierre qui protège ces lieux. Cette Crique, il est difficile d’en partir, peut être encore plus d’y revenir. Mais Rémi Baille s’attache, par la justesse de ses mots, à montrer l’importance de préserver ce que nous avons tous. Un « chez soi ».

« La Nature ici tient sa force des choses que nous ne maîtrisons pas.« 

Je ne peux que recommander ce premier roman de Rémi Baille, et cette chronique veut mettre en avant le travail de l’éditeur, Le Bruit du Monde, qui depuis Marseille s’attache à produire des livres toujours pleins de force et de découverte. 

Car c’est ça le roman de Rémi Baille. 

Une découverte. Celle d’un monde et de ses habitudes. Celle d’un lieu que l’on quitte, mais que l’on retrouve comme la vague part et revient toujours caresser le sable. C’est la découverte de personnages inspirants et profonds. C’est la découverte d’un temps qui passe. Parfois long, mais toujours intense. 

“ Longo Maï (locution provençale) : Longtemps encore ; que ça dure ou à ta santé ; selon les circonstances à jamais”

MALIK

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